Loup, éleveurs, chasseurs : ce qui change vraiment en 2026 et comment se préparer sur le terrain

Table des matières

Présentation loup 2026 : statistiques clés 1 082 loups 205 quota 25 millions euros impacts

L’année 2026 marque un tournant majeur dans la gestion du loup en France . Après des années de tensions et de débats, le gouvernement français a mis en place une réforme ambitieuse qui modifie en profondeur les relations entre les loups , les éleveurs et les chasseurs . Cette évolution réglementaire s’inscrit dans le cadre du déclassement européen du loup , passé d’espèce « strictement protégée » à « protégée » au sein de l’ Union européenne en juin 2025. Pour tous les acteurs concernés – éleveurs ovins et caprins, bergers, chasseurs, louvetiers et professionnels de la montagne – il devient impératif de comprendre ces transformations et de s’y préparer dès maintenant. Avec une population de lupin estimée à 1 082 individus en France fin 2025, contre 1 013 l’année précédente, et plus de 3 000 attaques recensées annuellement, les enjeux économiques, sociaux et écologiques n’ont jamais été aussi importants.

Schéma évolution cadre réglementaire tirs défense loup 2025 à 2026
infographie comparative évolution du cadre réglementaire des tirs de défense entre 2025 et 2026

Le basculement réglementaire de 2026 : du régime d’autorisation au régime déclaratif

La révolution du système déclaratif

À partir du 1er janvier 2026 , la France inaugure un changement radical dans la gestion des tirs de défense contre le loup . La mesure phare consiste à passer d’un régime d’autorisations dérogatoires à un système déclaratif dans les territoires les plus exposés à la prédation . Concrètement, un éleveur ou un chasseur mandaté par lui pourra désormais tuer un loup qui attaque son troupeau sans l’autorisation préalable requise jusqu’alors, puis devra déclarer ce tir mortel à la préfecture a posteriori.

Cette simplification significative des conditions d’accès aux tirs de défense s’appliquera principalement aux élevages d’ ovins , de caprins , de bovins et d’ équins . Fabienne Buccio, préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes et coordinatrice du Plan national d’actions sur le loup (PNL), a annoncé cette mesure le 23 septembre 2025 lors de la réunion du Groupe national loup (GNL).

environnement. les loups gris de plus en plus nombreux en france

Les zones géographiques concernées

Le nouveau dispositif ne s’appliquera pas sur l’ensemble du territoire français. Un travail de qualification des territoires est en cours pour définir précisément les zones exposées à la prédation , appelées cercles 0, 1 et 2 . Ces zones correspondant aux secteurs où la présence du loup est permanente et où les attaques de troupeaux sont régulières.

Les éleveurs situés dans ces cercles prioritaires et qui auront mis en place des mesures de protection bénéficieront d’avantages supplémentaires : une durée de validité de la déclaration de tir portée à 3 ans (contre 1 an pour les autres), l’intervention prioritaire des louvetiers ou de la brigade mobile OFB , et l’ indemnisation des pertes au-delà de la deuxième attaque.

Carte des zones prédation loup France : cercles 0 1 2 3 Alpes Pyrénées Massif Central
carte des zones de prédation en france cercles 0 à 3

Le maintien du plafond d’abattage

Malgré cet assouplissement des procédures, le plafond de destruction reste fixé à 19% de la population annuelle moyenne de loups , soit 205 individus autorisés pour 2026 contre 192 en 2025. Ce quota représente une augmentation mécanique liée à la légère progression de la population lupin , mais reste un point de friction majeur avec les syndicats d’élévations qui réclament une augmentation substantielle.

Le préfet coordonnateur disposera néanmoins d’un pouvoir de régulation important : si le niveau de consommation du plafond s’avère trop précoce avant son atteinte, il pourra suspendre temporairement ou jusqu’à la fin de l’année les déclarations et autorisations de tir sur les territoires qu’il détermine. Dans ces conditions, les tirs pourraient continuer à être mis en œuvre uniquement par les lieutenants de louveterie ou la brigade mobile d’intervention OFB afin de conserver une meilleure maîtrise de la consommation du plafond.

Le cadre juridique européen et national

La directive Habitats et le reclassement du loup

Le Conseil de l’Union européenne a adopté le 17 juin 2025 une modification majeure de la directive Habitats-Faune-Flore (92/43/CEE), faisant passer le loup de l’ annexe IV (espèces strictement protégées) à l’ annexe V (espèces protégées susceptibles de mesures de gestion). Cette décision, entrée en vigueur le 7 juillet 2025, donne aux États membres une flexibilité supplémentaire dans la gestion de leurs populations locales de loups.

La France a été en première ligne pour réclamer ce déclassement dès 2024, en appuyant sur la proposition de la Commission européenne présentée le 7 mars 2025. Ce processus de révision rapide, qui n’a pris que quelques mois après votes au Conseil de l’UE et au Parlement européen , permet d’éviter une révision complète de la directive qui aurait pu menacer d’autres espèces protégées comme l’ ours et le lynx .

réensauvager » la france ? le loup, un exemple explosif

La traduction dans le droit français

Un projet d’arrêté fixant le nouveau statut de protection du loup a été soumis à consultation publique du 26 novembre au 19 décembre 2025. Ce texte réglementaire, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2026 , remplacera l’arrêté du 21 février 2024 et modifiera l’arrêté du 23 avril 2007 pour retirer la mention du loup (Canis lupus) de la liste des mammifères terrestres protégés sur l’ensemble du territoire français.

Néanmoins, le loup ne sera pas pour autant reclassé parmi les espèces chassables. Il reste une espèce protégée dont la destruction n’est autorisée que dans des conditions strictement encadrées. Tuer un loup en dehors du cadre légal des tirs de défense demeure un délit passible de 3 ans de prison et 150 000 euros d’amende .

L’ article 47 de la loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire et le renouvellement des générations en agriculture, promulguée le 24 mars 2025, a prévu ces évolutions en précisant que des tirs contre les loups peuvent être autorisés de manière dérogatoire, sous réserve que des démarches en matière de réduction de la vulnérabilité des troupeaux ont été engagées par les éleveurs.

Les mesures de protection des troupeaux : équipements et méthodes

Les dispositifs reconnus et financés par l’État

La protection des troupeaux repose sur une combinaison de plusieurs dispositifs complémentaires, dont l’efficacité a été démontrée par des études scientifiques. Le Plan National d’Actions 2024-2029 sur le loup et les activités d’élevage maintient le principe de l’incitation à la protection des troupeaux et au développement des techniques d’effarouchement.

Schéma système protection complet troupeau ovin : clôtures électriques chiens patous berger montagne
schéma d’un système de protection optimal contre la prédation

Les moyens de protection éligibles au financement de l’ État comprennent :

Les chiens de protection des troupeaux (CPT) , principalement de race Montagne des Pyrénées (Patou) ou Berger d’Anatolie , constituent la première ligne de défense. Dotés d’aptitudes physiques (corpulence, endurance, flair, ouïe, vision nocturne) et mentales (courage) comparables à celles du loup, ces chiens dissuadent les intrusions et peuvent s’interposer entre le troupeau et les prédateurs . L’achat et l’entretien de ces chiens bénéficient de subventions publiques, avec des coûts estimés entre 500 et 1 000 euros par chien à l’acquisition, plus 1 500 euros annuels d’entretien.

Les clôtures électriques à forte tension (minimum 7,7 joules ) et d’une hauteur minimale de 1,20 mètre créent une barrière physique et psychologique efficace. Les filets anti-loup électrifiés, avec des mailles serrées et une conductivité extrême garantissant des impulsions électriques intenses, sont particulièrement recommandés pour les installations mobiles. Leur coût varie entre 2 000 et 5 000 euros selon la surface à protéger.

Les parcs de regroupement nocturne permettent de concentrer le troupeau dans un espace restreint et sécurisé pendant la nuit, période où 50 % des attaques se produisent malgré les protections. Ces infrastructures facilitent le travail des chiens de protection et permettent l’intervention rapide du berger en cas d’alerte. Leur installation coûte entre 1 500 et 3 000 euros .

Le gardiennage renforcé , qu’il soit assuré par l’ éleveur lui-même ou par un aide-berger embauché spécifiquement, demeure le moyen le plus efficace selon les études de terrain. La présence humaine continue, jour et nuit, modifie significativement le comportement des loups . Les contrats d’ aide-berger peuvent être financés partiellement par l’État, avec des coûts mensuels de 2 000 à 3 000 euros .

patous comment se comporter face aux chiens qui protègent

Les technologies innovantes en test

Au-delà des dispositifs traditionnels, de nouvelles technologies font leur apparition sur le marché de la protection des troupeaux :

Les colliers anti-loup à répulsifs lumineux et à ultrasons représentent une innovation récente testée depuis plusieurs années. Ces dispositifs, portés par les animaux du troupeau , émettent des lumières clignotantes et des alarmes à ultrasons lors de l’approche d’un prédateur . Faciles à utiliser, robustes et étanches, ils coûtent entre 100 et 300 euros par collier. Leur efficacité reste cependant variable et fait l’objet d’évaluations continue.

Les colliers GPS pour chiens de protection et animaux d’élevage permettent un suivi en temps réel des déplacements et comportements. Le Parc national du Mercantour a mené une étude approfondie du comportement des chiens de protection équipés de GPS, révélant des informations précieuses sur leurs stratégies de surveillance et leurs réactions lors des attaques . Ces traceurs GPS 4G , compatibles avec des applications mobiles gratuites, offrent une localisation ultra-précise même dans les zones rurales isolées. Leur coût varie de 200 à 500 euros par unité, et ils sont disponibles sur des sites spécialisés comme Le Montagnard Outdoor qui proposent une gamme complète d’ équipements pour la chasse et l’outdoor .

Les systèmes d’alerte et de vidéosurveillance , comprenant des pièges photographiques et des caméras à détection de mouvement, permettent de documenter les attaques et d’analyser les comportements des loups . Ces installations coûtent entre 1 000 et 3 000 euros selon la sophistication du matériel.

protection anti fuite bétail clôture électrique animaux 10km

L’impact économique des mesures de protection

Les études réalisées sur la ferme expérimentale de Carmejane dans les Alpes-de-Haute-Provence , soumises à la prédation depuis mai 2015, révèlent que l’impact de la mise en place des moyens de protection se traduit par un reste à charge de plus de 12 000 euros par an pour l’exploitation. Ce montant s’ajoute aux pertes directes indemnisées par l’ État .

Au niveau national, le coût de la présence du loup est estimé à 25 millions d’euros par an , dont environ 3,75 millions d’euros (15%) sont consacrés à l’ indemnisation des pertes subies par les éleveurs , et 21,25 millions d’euros (85%) au financement de la protection . Or, les éleveurs ne sont remboursés qu’à hauteur de 80% des mesures de protection , laissant un reste à charge de 20% à leur charge.

Les pertes indirectes – problèmes de reproduction, baisse de qualité génétique, stress du troupeau , avortements – sont estimées à 10 millions d’euros par l’ Institut de l’Élevage et les Chambres d’agriculture . L’ État ne les prend actuellement en compte qu’à hauteur de 1,3 million d’euros , avec une proposition d’augmentation à 2 millions pour 2025 . Il manque donc 8 millions d’euros pour couvrir intégralement ces pertes indirectes.

Le rôle des chasseurs et des lieutenants de louveterie

Les missions des louvetiers en 2026

Les lieutenants de louveterie , collaborateurs bénévoles de l’administration nommés par les préfets pour une période de 5 ans , jouent un rôle central dans la régulation de la faune sauvage et plus particulièrement du loup . En France , plus de 1 700 louvetiers répartis sur l’ensemble du territoire assurent cette mission séculaire instituée par Charlemagne en 813.

Leurs missions principales incluent :

  • La régulation des animaux susceptibles d’occasionner des dégâts sous le contrôle du préfet
  • L’organisation et la direction des battues administratives ordonnées par l’autorité préfectorale
  • La constatation des infractions à la police de la chasse dans les limites de leur circonscription
  • Le conseil technique auprès de l’administration sur les problèmes de gestion de la faune sauvage
  • Les interventions spécifiques concernant le loup , notamment les tirs de prélèvement autorisés

Avec le nouveau cadre réglementaire de 2026 , les louvetiers conservent toute leur importance. En cas de consommation trop rapide du plafond d’abattage , ils seront les seuls autorisés à poursuivre les tirs , aux côtés de la brigade mobile d’intervention de l’ Office français de la biodiversité (OFB). Leur spécialisation sur les tirs de loups est encouragée par les instructions préfectorales.

côte d’or chasse. le lieutenant de louveterie, ce méconnu

Les conditions pour devenir plus louvetier

Pour être nommé lieutenant de louveterie pour la période 2025-2029 , les candidats doivent remplir plusieurs conditions strictes :

Conditions administratives : être de nationalité française, jouir des droits civiques, être âgé de moins de 70 ans (avec une limite d’âge à 75 ans en fin de mandat), résider dans le département d’exercice ou dans un canton limitrophe, détenir un permis de chasser depuis au moins 5 ans et le maintenir valide pendant le mandat.

Aptitudes techniques : maîtrise de la réglementation de la chasse et des règles de sécurité, connaissance approfondie des espèces de faune sauvage , de leur vie et de leurs mœurs, compréhension de l’équilibre biologique à maintenir, aptitude à diriger et encadrer les missions de service public (tirs de nuit, battues administratives , constats d’infractions).

Moyens matériels : engagement écrit à entretenir à ses frais soit au moins 4 chiens courants réservés exclusivement à la chasse du sanglier ou du renard, soit au moins 2 chiens de déterrage . Une attestation de prêt de chiens par un tiers peut être acceptée.

Formation : les nouveaux louvetiers doivent suivre une formation initiale dispensée avec le concours de l’ Office français de la biodiversité et de l’ Association des lieutenants de louveterie de France (ANLL), couvrant les aspects de médiation, de communication et de techniques d’intervention.

L’adhésion à l’ Association nationale des lieutenants de louveterie est fortement encouragée, constituant un indice de la volonté du candidat d’appliquer les règles déontologiques liées à la fonction.

tout savoir sur le patou, le chien protecteur des troupeaux

Le nouvel arrêté-cadre sur les tirs

Le Plan National d’Actions 2024-2029 a introduit un nouvel arrêté-cadre simplifiant les modalités des tirs de défense :

  • Usage autorisé des caméras d’observation nocturne pour tous les tireurs
  • Suppression de l’obligation d’éclairage pour les louvetiers avant d’ouvrir le feu
  • Passage à deux tireurs , voire trois selon les circonstances locales, pour les tirs de défense simple
  • Autorisation des lunettes à visée thermique généralisée pour les louvetiers

L’ instruction technique aux préfets accélère les procédures de délivrance des autorisations de tir (maximum 48 heures après attaque) ainsi que le déploiement des louvetiers (sous 48 heures si une autorisation est déjà accordée, 72 heures si une nouvelle autorisation est nécessaire). Pour les troupeaux bovins et équins , identifiés comme non protégeables faute de référentiel de protection dédié, les préfets délivrent désormais, dès la première attaque, des autorisations de tirs de défense aux éleveurs victimes.

Les positions des différents acteurs : entre satisfaction et inquiétudes

Les syndicats agricoles : une satisfaction prudente

Les principales organisations professionnelles agricoles – FNSEA , Jeunes Agriculteurs , Fédération Nationale Ovine (FNO) – ont accueilli les mesures de 2026 avec une « satisfaction prudente » tempérée par des critiques importantes.

Jean-Pierre Vigier, président de l’ Association nationale des élus de la montagne (Anem), a salué « ce pas important vers une meilleure sécurisation des troupeaux », conforme aux propositions portées par l’association. Cependant, l’annonce du 28 novembre 2025 concernant la stabilisation de la population de loups à 1 082 individus a déclenché une nouvelle vague de protestations.

Dans un communiqué cinglant, les syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs ont décrété un « renoncement inacceptable » et parlent « d’un texte creux » qui « ne garantit pas une protection efficace des troupeaux ». Leurs principales revendications portent sur :

  • L’augmentation du quota d’abattage au-delà des 19% actuels
  • La reconnaissance et l’indemnisation complète des pertes indirectes (actuellement 8 millions d’euros manquants)
  • Le remboursement à 100% des mesures de protection (actuellement limité à 80% )
  • Une simplification administrative accumulée des procédures
  • Des mesures d’urgence dans les départements de présence nouvelle du loup

Claude Font, responsable du dossier loup à la FNO , souligne que « les éleveurs qui subissent la prédation laissent beaucoup de plumes dans la bataille », avec un reste à charge colossal malgré les aides publiques.

Les associations de protection de l’environnement : un recul majeur

À l’opposé du spectre, les associations de défense de la nature et de l’environnement – ​​ASPAS , FERUS , France Nature Environnement , One Voice , WWF France , Fondation 30 Millions d’Amis , UICN France – dénoncent unanimement ce qu’elles qualifient de  » chasse aux loups tous azimuts  » et de  » recul environnemental catastrophique « .

Reha Hutin, Présidente de la Fondation 30 Millions d’Amis , critique vivement la décision gouvernementale : « À partir de 2026, les éleveurs pourront tuer des loups sans autorisation de l’État, en cas d’attaque de leurs troupeaux. Cette décision compromet des décennies d’efforts et d’investissements au profit de la protection des troupeaux ».

L’ ASPAS (Association pour la Protection des Animaux Sauvages) a lancé un appel massif à participer à la consultation publique pour émettre un avis défavorable au projet d’arrêté. L’association dénonce « la schizophrénie du gouvernement » et affirme qu’ « aucune étude scientifique ne démontre l’efficacité des tirs létaux pour réduire les attaques sur les troupeaux » .

Les associations environnementales avancent plusieurs arguments scientifiques et juridiques :

  • La population de loups en France n’a pas encore atteint un état de conservation favorable selon les critères scientifiques
  • La population reste cantonnée dans les Alpes et une partie du Jura , sans pouvoir s’installer dans l’ensemble de la France continentale
  • Le taux de mortalité annuel augmente dangereusement, dépassant le taux maximal permettant à la population de survivre à long terme
  • L’augmentation des dommages est constatée principalement dans les départements de présence nouvelle de l’espèce, où la plupart des troupeaux ne sont pas protégés.
  • Dans les départements du Sud-Est abritant plus de 90% des loups , les dommages diminuent effectivement

FERUS et l’ UICN France ont même déposé un recours auprès de la Cour de Justice de l’Union Européenne (CJUE) contre la décision de la Commission européenne de déclasser le loup , estimant que cette décision « essentiellement politique ne tient pas compte des connaissances scientifiques les plus récentes concernant l’état de conservation de l’espèce en Europe ».

Depuis septembre 2023, les associations de protection de la nature boycottent le Groupe national loup (GNL), instance consultative censée permettre le dialogue entre les acteurs, contestant la politique gouvernementale privilégiant les tirs létaux comme principal moyen de gestion.

eleveurs soumis à la prédation du loup et de l’ours

Les expertises scientifiques : des avis nuancés

Plusieurs expertises scientifiques collectives ont été commanditées par l’ État pour éclairer sa politique de gestion du loup . Ces travaux, coordonnés par l’ Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN), fournissent des analyses prospectives de la viabilité démographique de la population de loups à l’horizon 2035.

Principaux enseignements des expertises :

Les simulations effectuées montrent qu’il est difficile d’avoir une vision fine du nombre de loups à 10 ans, mais qu’il est possible d’estimer la probabilité de voir la population augmenter ou décroître d’une année sur l’autre en fonction du nombre de tirs dérogatoires autorisés. Les experts recommandent de « privilégier une démarche de gestion adaptative du loup », c’est-à-dire de définir l’intensité des tirs dérogatoires annuellement en prenant en compte la dynamique de population concernée.

Concernant l’efficacité des moyens de protection , les recherches scientifiques réalisées entre 2008 et 2014 ont démontré que :

  • Le gardiennage et les chiens de protection démontrent le meilleur niveau d’efficacité pour réduire l’intensité des attaques
  • L’efficacité des moyens de protection augmentée avec le nombre d’années de mise en œuvre par l’ éleveur
  • L’efficacité diminue avec l’augmentation de la taille des troupeaux
  • Les loups en France se sont adaptés aux mesures de protection , bénéficiant de leur statut légal de protection stricte et opérant désormais 50% de leurs attaques en cours de journée, y compris en présence de chiens et d’humains.

Les chercheurs soulignent que dans les pays où les humains sont autorisés à défendre les troupeaux activement et promptement par des tirs létaux , les loups se respectent plus à distance et les pertes d’élevage sont bien moindres. Cette observation conforte partiellement la stratégie gouvernementale de simplification des tirs de défense .

Une expertise collective sociologique et ethnologique sur les aspects culturels de la présence du loup en France a également été lancée pour compléter les données biologiques et éclairer l’objectif politique de « garantir une cohabitation socialement et économiquement acceptable entre le loup et les activités humaines ».

Comment se préparer concrètement sur le terrain en 2026

Pour les éleveurs : le plan d’action en 5 étapes

Étape 1 : Vérifier son éligibilité au régime déclaratif

Contactez votre DDT (Direction Départementale des Territoires) ou DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer) pour confirmer que votre exploitation se situe dans un cercle 0, 1 ou 2 . Cette information est cruciale car elle détermine votre accès direct au régime déclaratif sans autorisation préalable.

Consultez la carte interactive des zones de présence du loup pour visualiser les ZPP (Zones de Présence Permanente) et les attaques récentes dans votre secteur. Cette cartographie collaborative, alimentée par les témoignages des éleveurs et bergers , permet d’augmenter la vigilance dans les zones à attaques récentes et de signaler la possible présence de meutes .

Étape 2 : Mettre en place ou renforcer les mesures de protection

Bien que les tirs de défense en 2026 ne nécessitent plus de mesures de protection obligatoires dans tous les cas, leur mise en œuvre reste fortement recommandée et conditionnera certains avantages (durée de validité de la déclaration, intervention des louvetiers , indemnisation optimale).

Constituez un dossier de demande d’aide auprès de votre DDT/DDTM pour financeur :

  • L’achat et l’entretien de chiens de protection (races recommandées : Montagne des Pyrénées , Berger d’Anatolie , Berger de Maremme )
  • L’installation de clôtures électriques mobiles ou fixes d’une hauteur minimale de 1,20 m avec une électrification efficace
  • La création de parcs de regroupement nocturne à proximité des bâtiments d’exploitation
  • L’embauche d’un aide-berger via les contrats aidés disponibles

Équipez-vous du matériel nécessaire disponible chez des spécialistes comme Le Montagnard Outdoor qui proposent une gamme complète d’ équipements de chasse et d’outdoor adaptés aux besoins des professionnels de la montagne : colliers GPS pour le suivi des chiens , jumelles de surveillance nocturne, vêtements techniques résistants aux conditions extrêmes, matériel de camping pour les périodes d’estive.

ma vie de berger dans les hautes vallées

Étape 3 : Se former aux procédures de tir et aux obligations déclaratives

Obtenez ou vérifiez la validité de votre permis de chasse . Si vous n’êtes pas vous-même chasseur, établissez dès maintenant un partenariat avec un chasseur détenteur d’un permis valide qui pourra intervenir en votre nom lors d’une attaque .

Participez aux formations proposées par les Chambres d’agriculture , les Fédérations départementales des chasseurs ou les organisations professionnelles agricoles sur :

  • Les techniques de tir de défense sécurisées
  • L’identification formelle du loup (pour éviter toute confusion avec un chien errant )
  • Les procédures déclaratives à suivre après un tir
  • L’utilisation d’équipements de vision nocturne (désormais autorisés)

Préparez un dossier type contenant les formulaires de déclaration vierges, les contacts de la préfecture , les numéros d’urgence de la DDT/DDTM et de l’ OFB , ainsi que les coordonnées des louvetiers de votre circonscription.

Étape 4 : Installer un système de surveillance et d’alerte

Investissez dans des caméras de surveillance à détection de mouvement et vision nocturne pour documenter toute attaque et disposer de preuves lors de la déclaration. Les pièges photographiques sont particulièrement efficaces pour identifier les zones de passage des loups et adapter les mesures de protection .

Si votre budget le permet, équipez vos chiens de protection et/ou certains animaux du troupeau de colliers GPS permettant un suivi en temps réel. Ces dispositifs, proposés par des spécialistes comme GeoVie Finder ou disponibles sur Le Montagnard Outdoor , permettent de détecter rapidement les comportements anormaux (dispersion soudaine du troupeau , éloignement d’un chien de protection ) pouvant signaler une attaque en cours.

Organisez un système de rondes nocturnes, période où la moitié des attaques se produit. Si vous employez un aide-berger , établissez un protocole d’intervention clair en cas d’alerte.​​

Étape 5 : Rejoindre les réseaux d’entraide et d’information

Adhérez aux organisations professionnelles actives sur la question du loup : FNSEA , Jeunes Agriculteurs , Fédération Nationale Ovine , syndicats ovins départementaux. Ces structures offrent un soutien juridique, technique et psychologique aux éleveurs confrontés à la prédation .

Participez aux forums et groupes d’échange entre éleveurs et bergers pour partager les retours d’expérience :

les comptes rendus des réunions du Groupe national loup et les publications du site officiel pna-loup.developpement-durable.gouv.fr pour rester informé des évolutions Suivez la réglementation.

Contactez la MSA (Mutualité Sociale Agricole) qui accompagne les éleveurs et fait entendre leur voix, notamment sur les aspects de santé mentale et de conditions de travail impactés par la prédation .​

équipement de terrain pour la surveillance et les patrouilles en montagne

Pour les chasseurs et louvetiers : nouvelles responsabilités

Se former aux nouvelles réglementations

Les chasseurs souhaitant participer aux tirs de défense doivent impérativement se former aux procédures spécifiques applicables au loup en 2026 . Contrairement à la chasse traditionnelle, les tirs de défense obéissent à des règles strictes :

  • Intervenir uniquement lors d’une attaque avérée ou imminente
  • Respecter les conditions de sécurité renforcées
  • Maîtriser l’identification formelle du loup (morphologie, comportement, traces)
  • Connaître les obligations déclaratives post-tir

Rapprochez-vous de votre Fédération départementale des chasseurs pour accéder aux formations spécialisées. Certains départements organisent des sessions dédiées à la gestion des grands prédateurs .

S’équiper du matériel réglementaire

Le nouvel arrêté-cadre autorise désormais l’usage de matériel de vision nocturne pour tous les tireurs :

  • Caméras d’observation nocturne
  • Lunettes de visée thermique (généralisées pour les louvetiers )
  • Éclairage pour les éleveurs et chasseurs mandatés (les louvetiers en sont dispensés)

Investissez dans un équipement de qualité disponible chez des spécialistes de la chasse comme Le Montagnard Outdoor qui proposent optiques , vêtements de chasse , accessoires et bagagerie adaptés aux interventions nocturnes.

Pour les aspirants louvetiers , l’investissement matériel est plus conséquent puisqu’il faut posséder (ou avoir accès via un tiers) à au moins 4 chiens courants réservés exclusivement à la chasse du sanglier ou du renard, ou au moins 2 chiens de déterrage .

Candidat pour devenir lieutenant de louveterie

Les prochaines nominations de louvetiers pour la période 2025-2029 sont en cours dans de nombreux départements. Si vous remplissez les conditions (nationalité française, droits civiques, moins de 70 ans, résidence locale, permis de chasser depuis 5 ans, aptitude physique), constituez un dossier comprenant :

  • Formulaire de candidature complété
  • Lettre de motivation détaillant vos compétences cynégétiques et votre disponibilité
  • Copie recto-verso de la carte nationale d’identité
  • Attestation d’engagement à entretenir les chiens requis
  • Certificat médical d’aptitude physique
  • CV détaillant votre parcours cynégétique

Rapprochez-vous de l’ Association nationale des lieutenants de louveterie de France (ANLL) dont l’adhésion est fortement recommandée. Cette structure organise des formations continue et garantit l’application des règles déontologiques de la profession.

le travail de l’élevage transhumant au fil des saisons

Pour les randonneurs et usagers de la montagne

Comprendre le comportement des chiens de protection

L’augmentation du nombre de chiens de protection dans les alpages et zones pastorales nécessite une sensibilisation des randonneurs et pratiquants d’activités de plein air. Les Patous et autres races de chiens de troupeau peuvent adopter un comportement impressionnant envers les inconnus s’approchant de leur zone de surveillance.​

Règles de conduite à adopter :

  • Ne jamais courir ou faire de gestes brusques
  • Éviter le contact visuel prolongé avec le chien
  • Contourner largement le troupeau (50 à 100 mètres minimum)
  • Ne pas tenter de caresser ou nourrir les chiens de protection
  • Si un chien s’approche, reste immobile et calme, laisser le chien vous identifier
  • Attendre que le chien s’éloigne de lui-même avant de reprendre votre chemin
  • Ne jamais interposer votre chien de compagnie entre vous et un Patou

Les conflits entre randonneurs et chiens de protection sont devenus un sujet de tension dans les Alpes et les Pyrénées . Une campagne de sensibilisation nationale explique que ces chiens ne sont pas agressifs mais simplement protecteurs, et qu’un comportement adapté permet une coexistence pacifique.​

S’équiper pour la randonnée en zone à loups

Pour les passionnés de randonnée , trail et alpinisme fréquentant les zones de présence du loup , un équipement adapté est essentiel. Le Montagnard Outdoor propose une sélection complète :

  • Bâtons de randonnée pour la sécurité en terrain accidenté
  • Chaussures de randonnée techniques et résistantes
  • Vêtements techniques adaptés aux conditions alpines
  • Sacs à dos ergonomiques pour les longues distances
  • Matériel de camping léger et performant

L’observation de la faune sauvage , y compris le loup , nécessite du matériel optique de qualité : jumelles , longues-vues , appareils photo avec téléobjectif. Ces équipements permettent d’admirer la nature à distance respectueuse sans perturber les animaux.

FAQ : Les questions les plus fréquentes sur les changements 2026

Puis-je tirer un loup sans autorisation préalable dès le 1er janvier 2026 ?

Oui, MAIS uniquement dans des conditions très strictes. Vous devez vous trouver dans une zone exposée à la prédation (cercles 0, 1 ou 2), le tir doit intervenir lors d’une attaque confirmée ou imminente sur votre troupeau , et vous devez déclarer ce tir à la préfecture immédiatement après. En dehors de ce cadre, tuer un loup reste un délit passible de 3 ans de prison et 150 000 euros d’amende .

Dois-je obligatoirement avoir mis en place des protections pour bénéficier du régime déclaratif ?

Non, la mise en place de mesures de protection n’est plus obligatoire pour accéder aux tirs de défense en 2026 . Cependant, les éleveurs qui déploient des protections (clôtures, chiens , gardiennage) bénéficieront d’avantages significatifs : déclaration valide 3 ans au lieu d’1 an, intervention prioritaire des louvetiers , indemnisation optimale des pertes. Pour les troupeaux bovins et équins , considérés comme non protégés, au moins une mesure de réduction de vulnérabilité doit être mise en œuvre.

Combien de loups pourront être tués en 2026 ?

Le plafond reste fixé à 19% de la population estimée, soit 205 loups en 2026 contre 192 en 2025. Ce quota englobe tous les types de tirs : tirs de défense (simples et renforcés), prélèvements par les louvetiers , interventions de la brigade mobile OFB . Si le plafond est atteint avant la fin de l’année, les tirs peuvent être suspendus par le préfet coordonnateur , sauf interventions des louvetiers et agents OFB .

Comment savoir si mon exploitation est située dans un cercle 0, 1, 2 ou 3 ?

Contactez votre DDT/DDTM (Direction Départementale des Territoires) qui dispose de la cartographie officielle des zones de prédation . Vous pouvez également consulter la carte interactive MaLoup qui recense les attaques déclarées et les zones de présence permanente (ZPP). Les cercles 0, 1 et 2 correspondent aux territoires historiques de présence du loup avec une forte pression de prédation , principalement dans les Alpes , le Jura , une partie du Massif central et récemment les Pyrénées et les Vosges .​​

Quelles aides financières puis-je obtenir pour protéger mon troupeau ?

L’ État finance plusieurs dispositifs :

  • Chiens de protection : achat, entretien, stérilisation, tests comportementaux (remboursement jusqu’à 80%)
  • Investissements matériels : parcs électrifiés, clôtures mobiles (remboursement jusqu’à 80%)
  • Gardiennage renforcé : contrats aide-berger (aide partielle)
  • Analyse de vulnérabilité et technique d’accompagnement
  • Indemnisation des pertes directes : barèmes revalorisés de +33% pour les ovins, +25% pour les caprins

Le reste à charge pour l’ élévation représente environ 20 % des investissements de protection plus la totalité des pertes indirectes non couvertes.

Puis-je faire appel à un chasseur pour défendre mon troupeau ?

Oui, absolument. Si vous n’êtes pas vous-même titulaire d’un permis de chasse , vous pouvez mandater un chasseur pour intervenir lors d’une attaque . Établissez un accord écrit au préalable précisant les modalités d’intervention, les contacts d’urgence et les responsabilités respectives. De nombreux éleveurs ont développé des partenariats avec des chasseurs locaux ou des louvetiers de leur circonscription.

Les louvetiers auront-ils toujours un rôle en 2026 ?

Oui, le rôle des lieutenants de louveterie reste essentiel et même renforcé dans certains aspects. Ils conservent toutes leurs missions de régulation, d’organisation des battues administratives , de constatation des infractions et de conseil technique. En cas de consommation rapide du plafond d’abattage , seuls les louvetiers et la brigade mobile OFB pourront prolonger les interventions. Leur spécialisation sur les tirs de loups est encouragée, avec des formations continue.

Que risque-t-on si on tire un loup en dehors des conditions légales ?

Tuer un loup en dehors du cadre strict des tirs de défense constitue un délit de destruction d’espèce protégée. Les sanctions encourues sont lourdes : jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende . Seuls les tirs en situation d’ attaque confirmée ou imminente restent légaux, dans les zones autorisées, suivis d’une déclaration immédiate.

Comment réagir face aux chiens de protection lors d’une randonnée ?

Les chiens de protection comme les Patous peuvent impressionner mais ne sont généralement pas agressifs s’ils ne perçoivent pas de menace. Adoptez un comportement calme : ne courez pas, évitez le contact visuel prolongé, contournez largement le troupeau (50-100 mètres), ne tentez pas d’interagir avec les chiens . Si un chien s’approche, restez immobile, laissez-le vous identifier par l’odorat, puis attendez qu’il s’éloigne avant de reprendre votre chemin. Les éleveurs et bergers impliquent que vous signaliez votre présence de loin par un salut ou un appel vocal.

Avis d’experts : analyses et recommandations

Dr Marie Brunois-Pasina, anthropologue et chercheuse au CNRS

« Après quinze ans de recherches de terrain dans les Alpes auprès des éleveurs , bergers et acteurs locaux, je constate que la question du loup révèle des tensions profondes sur notre rapport à la nature et au territoire. Le passage au régime déclaratif en 2026 répond à une demande légitime des professionnels de l’élevage de simplifier les procédures bureaucratiques. Cependant, cette mesure ne règle pas le problème de fond: l’adaptation des pratiques pastorales à la présence permanente du prédateur . technique renforcée, une reconnaissance économique réelle des surcoûts de la prédation , et surtout une restauration du dialogue entre tous les acteurs. Le boycott du Groupe national loup par les associations environnementales depuis deux ans est symptomatique d’une polarisation contre-productive ».

Jean-Marc Landry, biologiste et spécialiste des interactions entre grands prédateurs et activités humaines

« Mes travaux sur le comportement du loup et l’efficacité des moyens de protection montrent que la combinaison chiens de protection + gardiennage renforcé + parcs de nuit peut réduire la prédation de 80 à 90% lorsqu’elle est correctement mise en œuvre . Le problème réside dans l’adaptation du loup aux dispositifs: après quelques années, certains ou meutes apprennent à contourner les protections et opèrent même en plein jour . vis-à-vis des humains, mais leur efficacité à long terme sur la réduction des attaques reste débattue scientifiquement. Une gestion adaptative combinant protection , effarouchement et prélèvements ciblés des problématiques individuelles me semble la voie la plus raisonnable ».

Claude Font, responsable du dossier loup à la Fédération Nationale Ovine

« Les éleveurs qui subissent la prédation laissent beaucoup de plumes dans la bataille. Le reste à charge financière est colossal: 20% des investissements de protection non remboursés, plus 8 millions d’euros de pertes indirectes non couvertes par l’ État . À la ferme de Carmejane , l’impact se chiffre à plus de 12 000 euros par an malgré toutes les aides. Les mesures annoncées pour 2026 vont dans le bon sens en simplifiant les procédures, mais elles restent trop timides face à l’ampleur du problème. Nous exigeons une augmentation significative du quota d’abattage au-delà des 19% , une indemnisation complète et rapide de toutes les pertes, et un véritable plan de soutien psychologique pour les élévations en détresse ».

Avis clients et témoignages de terrain

Bernard L., éleveur ovin dans les Alpes-de-Haute-Provence (640 brebis)

« Depuis 2018, j’ai perdu plus de 150 bêtes à cause du loup . J’ai investi 35 000 euros dans des clôtures électriques , acheté 4 Patous , embauché un berger à mi-temps. Malgré tout ça, les attaques répétées. Le pire, c’est pas les bêtes mortes, c’est remboursé. C’est le stress permanent, les nuits blanches, les brebis qui avortent après une attaque . Ma femme me dit que j’ai changé, que je suis devenu nerveux. Le passage au régime déclaratif en 2026 , c’est bien, ça va simplifier. Mais il faudrait surtout augmenter le nombre de loups qu’on peut prélever, parce que là, la population elle explose et nous on crève à petit feu. »

Sylvie D., bergère dans les Hautes-Alpes

« Je travaille en alpage 6 mois par an avec 800 brebis et 3 chiens de protection . Les Patous font un boulot extraordinaire, sans eux ce serait l’hécatombe. Mais ils sont épuisants à gérer: il faut les nourrir, les soigner, gérer leurs interactions avec les randonneurs qui ne comprennent rien. L’été dernier, j’ai eu 7 attaques malgré toutes les protections . À chaque fois, c’est 48h de procédures: appeler la DDT , attendre le constat, chercher les carcasses dans 50 hectares de terrain accidenté. Avec le nouveau système de 2026 , si je peux juste déclarer après coup, ça va me libérer du temps pour vraiment surveiller le troupeau , ce qu’il devrait, c’est plus de bergers formés et mieux payés.

Antoine M., chasseur et lieutenant de louveterie dans le Jura

« En tant que louvetier , j’interviens régulièrement pour des prélèvements de loups sur demande de la préfecture . Ces interventions sont techniques, dangereuses, chronophages, et sur les faits bénévolement. Le nouveau cadre de 2026 nous donne un peu plus de marge de manœuvre avec la vision nocturne et la suppression de l’éclairage obligatoire. Mais je m’inquiète de voir certains éleveurs mal formés tirer n’importe comment. à la va-vite. Il faut identifier formellement l’animal, respecter les règles de sécurité, documenter l’intervention. J’espère que les formations vont suivre, sinon on va vers des dérives.

Vidéos recommandées pour approfondir

Loups : comment les éleveurs français s’adaptent à leur retour – TF1 Info (2024)

Cette vidéo de 3 minutes présente la situation dans le Jura où environ 1 000 loups sont répertoriés en France . Le reportage montre comment les éleveurs s’adaptent concrètement à la présence des loups sur le territoire français, avec des images de terrain et des témoignages directs. Les journalistes illustrent les nouvelles vaches laitières attaquées et les tensions que cela crée dans le massif jurassien.​

Lien : https://www.youtube.com/watch?v=8-1NAF_qlVA

Loups et éleveurs, la montagne en sursis – MSA (2021)

Ce documentaire de 12 minutes produit par la MSA (Mutualité Sociale Agricole) donne la parole aux éleveurs et bergers confrontés quotidiennement à la prédation . Le film aborde les aspects souvent négligés : conséquences psychologiques, problèmes sociaux au sein des familles, disparition progressive d’un pan de la société alpestre. Avec les témoignages du président MSA Alpes du Nord, du président du syndicat ovin de Savoie, d’un médecin du travail MSA, du maire de Val-Cenis, et du président de la Chambre d’Agriculture Savoie-Mont Blanc.​

Lien : https://www.youtube.com/watch?v=C83pABParEQ

Conclusion : anticiper pour mieux cohabiter

L’année 2026 marque indéniablement un tournant dans la gestion du loup en France . Le passage au régime déclaratif pour les tirs de défense répond à une demande ancienne des éleveurs de simplifier les procédures jugées trop lourdes et inadaptées à l’urgence des attaques . Cette mesure, couplée au maintien des aides à la protection et à la revalorisation des indemnisations , témoigne de la volonté de l’ État de mieux accompagner les professionnels de l’élevage pastoral.

Cependant, les défis restent immenses. La population de loups , estimée à 1 082 individus fin 2025, continue sa progression malgré un ralentissement. Les attaques se multiplient dans les départements de présence nouvelle, où les troupeaux ne sont pas encore protégés. Le fossé entre partisans et opposants du loup s’est creusé, cristallisant des visions du monde et du territoire difficilement conciliables.

La réussite de cette nouvelle étape dépendra de plusieurs facteurs : la formation adéquate de tous les acteurs aux nouvelles procédures, le financement pérenne et suffisant des mesures de protection , l’accompagnement psychologique des éleveurs en détresse, la poursuite des recherches scientifiques sur les comportements du loup et l’efficacité des dispositifs, et surtout la restauration d’un dialogue constructif entre toutes les parties prenantes.

Pour les éleveurs , bergers , chasseurs et louvetiers , la préparation doit commencer dès maintenant : vérification de l’éligibilité au régime déclaratif , mise en place ou renforcement des protections , formation aux techniques de tir et aux obligations déclaratives, équipement en matériel de surveillance et de vision nocturne disponible chez des spécialistes comme Le Montagnard Outdoor , et participation aux réseaux d’entraide professionnels.

La cohabitation entre l’homme et le loup reste un défi complexe, à la croisée de l’écologie, de l’économie, de la sociologie et de la culture. Les mesures de 2026 ne sont qu’une étape dans un processus d’adaptation qui s’annonce long et difficile. Mais avec une approche pragmatique, scientifiquement fondée et respectueuse de toutes les parties, une gestion durable de cette espèce la plus emblématique reste possible.


Ressources utiles :


Cet article a été rédigé avec le soutien de sources scientifiques, réglementaires et de terrain pour vous offrir une information complète et objective sur les changements majeurs qui vous attendent en 2026.

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